LE TESTAMENT DE VANDA – de Siméon

 RB/D production en accord avec le Théâtre de la Passerelle

LE TESTAMENT DE VANDA
Froggys’s delight
 Monologue dramatique de Jean-Pierre Siméon interprété par Delphine Valeille dans une mise en scène de Michel Bruzat.
Quelques sacs et une forme de dos, assise, tapie dans l’ombre. La voix s’adresse à son enfant qu’on ne voit pas.
Ce texte c’est l’histoire par sa voix, d’une migrante dans un centre de rétention. Une femme qui a vu son amour torturé et mort, qui a fui son village en guerre et dont le seul être qui lui reste, cet enfant, résulte d’un viol par des soldats.
Delphine Valeille, magnifique comédienne, éclaire les mots tant sublimes que crus de Jean-Pierre Siméon, dont la poésie coule à flot dans une limpidité absolue pour dire, de l’intérieur, toute la barbarie des hommes, et la souffrance traversée par cette femme brisée.
Avec une grande douceur dans une émotion rentrée, Vanda se décharge de toutes les salissures et fait chavirer le coeur.
Magistralement dirigée par Michel Bruzat avec sobriété et évitant tout pathos, éclairé finement et sans fioritures par Franck Roncière, avec « Le Testament de Vanda », monologue implacable qui laisse muet de stupeur, Le Théâtre de la Passerelle crée un nouveau spectacle essentiel, en tous points remarquable.
 


Nicolas Arnstam


LE TESTAMENT DE VANDA
Jean-Pierre Siméon

Il y a deux façons diamétralement opposées de dire le monde et la réalité que nous vivons. La plus présente, l’oppressive, qui se donne comme péremptoire, aussi vite apparue que disparue dans le bruit général : c’est celle de l’information. Qui ne dit des choses et des êtres que leur apparence, le minimum reconnaissable et identifiable, le lieu commun, bref ce qu’on en sait déjà et qui contente la paresse et organise l’oubli.

L’autre, la généralement absente, l’opprimée, qui tente de dire la profondeur sous la surface, le réseau inextricable des ombres et des clartés sous l’évidence, l’épaisseur de chair, de nuit de cris et de silence de toute vie, bref la part perdue de l’information. Cette façon là, c’est celle de la poésie. Le Testament de Vanda c’est cela: la tentative de dire autant qu’il se peut la vérité, la poésie d’une vie, brutale et tendre, violente et douce, aimante et déchirée, la vérité sous l’information qui en fait l’économie, celle qui ne dit que: suicide d’une migrante dans un centre de rétention

JP Siméon

C’est un témoignage contre les statistiques, un appel à bien nommer ces choses, qui ont un cœur, des tripes, une histoire, et du courage alors commet faut-il dire ? Réfugiés, immigrés, migrants, clandestins, voleurs de poules, terroristes ? Que faut-il faire ? s’indigner ou se résigner ? Tendre la main, ou le bâton Commençons par tendre l’oreille, dit Jean-Pierre Siméon. Alors, écoutez bien Vanda. Ecoutez Vanda, et vous êtes Vanda, je suis Vanda. Une peau de solitude, contre les statistiques et les idées reçues.                            

Seule et plus forte que la terre entière

Delphine Valeille à la Passerelle dans « Histoires d’Hommes » Durringer

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